Epilogue/Après guerre
Retour à la vie civile
Fin 45 vint le temps de la démobilisation et le retour dans ses foyers. Pour certains cela faisait 5/6 ans qu'ils avaient quitté
la France et la vie sur place avait continué sans eux. Il fallut, par exemple, prendre des mesures adaptées en faveur des couples
qui voulaient divorcer. Il fallut légiférer pour permettre de divorcer plus facilement si une séparation de plus de 6 mois
était intervenue (loi 46-520 du 27 mars 1946):
Le retour à la vie civile n'allait donc pas de soi, il y avait nécessité à trouver du travail et à se réinsérer.
Dans la "Revue de la France Libre" on peut percevoir une certaine amertume au vu de l'insuffisance de l'Etat français à assumer ses responsabilités vis à vis de
ceux qui ont été blessés ou tués et de leurs ayants droit.
On peut lire sur le document ci-contre, la Revue de la France Libre, le constat suivant :
"Il est malheureusement de tradition en France que se faire tuer ou mutiler au service du pays ne soit pas reconnu dignement sur le plan matériel ..."
Soucis sur le Commandant Dominé...Henri Sclaminec
"Je me suis réengagé dans la marine après la guerre. Bien sûr la marine s'était reconstituée avec des
marins qui n'avaient pas été dans les FNFL dans leur immense majorité. Je n'ai pas eu, dans les premières années qui ont suivi
la guerre, de problèmes particuliers à ce sujet. Les FNFL faisaient bien sûr l'objet de curiosité et on me
posait éventuellement quelques questions sans plus, juste pour savoir ce qui s'était passé. On aurait pu croire que la tension
qui existait entre la Marine, restée longtemps fidèle à Vichy, et les FNFL était une vieille histoire, il n'en était rien en tout cas
au niveau de certains officiers."
Équipage du "Commandant Dominé" en 1952 (Indochine)
"Fin 1950 j'ai été affecté au Commandant Dominé en Indochine. Le commandant était un ancien vichyste et la tension avec lui fut vive.
Le commandant étant seul maitre à bord, je ne pouvais qu'espérer que les choses se calment."
"Il n'en fut rien et je me décidai au final à demander un poste plus exposé de façon à quitter cet environnement qui devenait
à la longue pénible. Je fus affecté fin 1952 aux vedettes Y 671-672. On patrouillait sur les rivières avec le risque permanent
de se faire tirer dessus depuis les rives, mais c'était un moindre mal comparé à l'ambiance à bord du Commandant Dominé.
Pour être juste, il faut rajouter que ce comportement n'était pas la règle dans la Marine mais plutôt le fait de quelques
officiers se vengeant dans une certaine mesure de ces "traîtres" qui avaient rejoint de Gaulle et à qui l'Histoire avait donné raison."
À Saïgon au début des années 50. Au fond l'hôtel Continental Palace.(photo colorisée)
À bord du Commandant Dominé sur la passerelle (photo colorisée)
Flottille de vedettes
"J'ai par la suite demandé mon affectation en France et j'avais donné en premier choix Brest et en second Cherbourg qui était peu demandé. Selon les
rumeurs qui circulaient à Saïgon, le commandant à Cherbourg n'était pas facile à vivre. Lorsque j'appris que j'avais été affecté à Cherbourg je partis malgré
tout un peu déçu que ce ne fut pas le dépot de Brest."
Dépot de Cherbourg
"Je fis le voyage de retour vers la France sur le paquebot "Pasteur" qui avait été reconverti en paquebot de tranport
de troupes d'abord par les britanniques qui avaient saisi le navire au début de la seconde guerre puis, une fois
rendu à la France, par celle-ci pour des transports de troupes vers l'Indochine. Le voyage dura du 26 janvier 53 au 12 février
soit environ 2 semaines. Je bénéficiais d'un congé de fin de campagne de 90 jours avant de rejoindre l'État major de la 1ère Région
à Cherbourg le 19 juin 1953."
"En pratique je fus heureusement surpris de la période passée à Cherbourg. Les relations avec le commandant sur
place furent tout à fait normales et d'ailleurs ce dernier
me proposa de m'aider à passer le BST (brevet supérieur technique), ce que je fis.
Nous habitions avec mon épouse et notre fils à Equeurdreville, rue de la Paix, à une portée de vélo de mon lieu de travail.
Notre logement se situait sous les toits d'un immeuble dont le rez-de-chaussée abritait deux magasins.
Il y avait une certaine ironie à habiter rue de la Paix alors que je venais d'Indochine et que j'allais bientôt être affecté à Alger,
à une période pour le moins mouvementée. Tout se passa pour le mieux dans le meilleur des mondes à Cherbourg, au point que lors de ma nouvelle affectation, pour l'Algérie cette fois, en août 56, j'avais
beaucoup de regrets de quitter cette ville."
Nigel Bellis
Nigel Bellis fut lui aussi confronté à des railleries tendant à moquer la qualité de marin des FNFL, cela s'est passé
également en Indochine.
Dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale Nigel Bellis fut affecté en Indochine dans la marine française. Il fut confronté à une certaine animosité de la part des
officiers français voire à des moqueries du fait d'avoir navigué avec les FNFL. (Pierre l'Hours)